Moi et ma  fratrie divine sommes nés quand la Lumière et la Nuit se sont séparées au commencement des Temps. Certains sont devenus le peuple de la Lumière et d'autres ont investi les Ténèbres. J'ai reçu la couronne de la Nuit pour régner sur la Terre, alors que mon frère R'hllor, seigneur de la Lumière, est allé s'ennuyer dans les sphères célestes avec sa couronne éclatante.

Je suis devenu le Haut Roi de cette Terre.

Cette dernière est bien moins vaste que le ciel, mais  infiniment plus distrayante. Les humains qui la peuplent ont toujours pris soin d'assurer un spectacle permanent.

A quel moment ce terrain de jeux et ses pions m'ont-ils échappé?

Je crois que cela remonte à mon premier amour, mon seul amour. La Demoiselle de Lumière n'a pas d'autres noms. Je crois que je l'ai aimée et détestée en même temps. Près d'elle, je me suis trouvé misérablement sombre devant son éclat infini.

A l'enfant que nous avons eu, j'ai remis la gouvernance d'une partie de ce monde. J'ai pu ainsi observer mon fils et sa lignée diriger l'Empire de l'Aube. Chacun de ces souverains avaient hérité une longévité divine, mais leurs reines et concubines humaines ont progressivement amené fragilité, maladie et mort. Cela était inévitable de voir le sang divin finir par se diluer dans l'humanité mortelle.

Alors pourquoi cela m'a-t-il surpris de découvrir qu'avec la mort, ma dynastie a découvert la corruption et l'avidité.

Un de mes lointains descendants tua sa sœur pour la couronne. Je vis alors ce meurtre abjecte inaugurer un règne de terreur pour ce prince effroyable.

Ce monstre, par ses actes suivants a donné des leçons jusqu'aux démons...

J'ai découvert le sens profond de la colère.

C'est le désir impérieux d’effacer une erreur... et l'humanité en une... comme une mauvaise herbe inutile qui étouffe un jardin splendide.

J'ai lâché sur ce monde mes frères parmi les plus sanguinaires.

Ils ont pourchassé l'humanité par le Fer, le Feu et la Mort.
La Longue Nuit ne fut pas un refuge, mais un piège que j'imaginais parfait

Ma compagne lumineuse connut un chagrin immense. J'ignore encore à ce jour si c'est par ma faute ou celle des hommes lamentables. Elle mit un voile sur le soleil et se détourna de moi et des hommes avec la même horreur.
Le monde tomba alors dans la nuit, une très longue nuit...
La Longue Nuit fut notre enfant le plus monstrueux.

Ma fureur, celle de mes frères et de mon armée allaient en grandissant. On aurait  dit que notre rage se nourrissait d'elle même.
J'aurais aimé pouvoir tout effacer pour tout recommencer sur cette terre. Mon frère de Lumière jusque là bien indifférent, me joua un tour détestable.

Il prit le parti des hommes... ces créatures si médiocres. Il choisit dans le peuple des hommes un champion auquel il délégua une partie infime de son pouvoir. Pour détenir le moyen de m'atteindre, l'humain accepta de faire couler le sang de sa femme en paiement.

.... j'ai toujours regardé mon frère comme une autre ordure... les événements m'ont donné raison. Nous sommes deux monstres.

Mes souvenirs sont vagues... je vois une bataille... un éclair aveuglant à l'instant ou les hommes allaient disparaître, et plus rien...

Pendant un temps indéterminé, je fus relégué dans une cellule sans haut ni bas, ou le temps ne s'écoule plus et dans une nuit perpétuelle. Je me cognais à des murs invisibles mais l'obscurité n'était pas un châtiment suffisant.
Je tombais dans un sommeil fait de cauchemars. Des dragons grands comme des montagnes me pourchassaient sans jamais me rattraper, mais je ne pouvais échapper à leurs regards

J'étais persuadé que mes geôliers finiraient par baisser la garde. Qu'importe si dans mes rêves, ils étaient des dragons, ils restaient des humains cachés derrière des illusions. J'avais tout le temps pour moi et comme allié...

Et je fus une fois encore surpris par les Cieux.
Une comète s'évada des hautes sphères célestes. Sa lumière divine leva l'enchantement de ma prison.
Mon âme désormais sans corps, erra de part le monde.  
Je n'étais plus qu'une pensée... trouver un corps même humain pour m'incarner. Retrouver mes frères, mon armée et en finir avec ma colère en mettant cette fois un terme à l'humanité si décevante.

Les rumeurs font de moi et de ceux de mon clan, des êtres hors de la nature et du temps.
.... On nous imagine comme des sortes de semi-divinités perdues entre les Cieux et la Terre.

Moi et les miens sommes discrets. Si discrets qu'à Asshai même, très peu on vu nos silhouettes derrière les tentures de nos palanquins. Nous sommes si secrets que l'on me surnomme Le Roi sans visage du peuple Caché.

Que puis-je raconter sur moi et les miens pour dissiper quelque peu la peur?
Rien. La peur est une arme nécessaire.

Nous sommes la Garde Écarlate. Nous régnons sur une cité enchanté.

Nous existons depuis des millénaires.
Alors qu'une longue Nuit recouvrait le monde et que les hommes se croyaient oubliés des dieux, nous avons été choisis entre tous les hommes pour représenter le seigneur céleste de La lumière.

Nous avons hérité d'un don précieux transmis par notre sang et que nul ne peut apprendre.

Nous ne sommes ni sorcier, ni magicien, ni rien qui ressemble à cette engeance. Nous n'avons appris aucun sortilège, nous ne connaissons aucune formule ni aucun tour de passe-passe...
Je serais bien en peine de faire apparaître ou disparaître le moindre lapin...

Pourtant, le plus puissant parmi les sorciers y réfléchit à deux fois avec de m’affronter, moi, l'homme sans magie et sans visage.

Je suis un empereur sans terre. Mais mon véritable domaine est ailleurs. C'est celui des Songes. Moi et mon clan régnons sur un monde dont nous sommes les seuls à posséder les cartes et les codes. Cette connaissance est dans notre sang. Elle ne peut s'apprendre. Elle se transmet  seulement de parents à enfants. Le métissage ne nous affaibli pas. Il suffit qu'un parent soit de notre clan, pour que l'enfant nous appartienne.

Quand l’âme du rêveur erre sur nos terres mystérieuses, nous avons tous les pouvoirs. Nous pouvons le sauver de la maladie, du poison, d'un danger physique pouvant le menacer dans son sommeil.
Nous pouvons aussi le traquer et le tuer. Aucun n'a jamais couru assez vite  pour nous échapper sur nos terres.
Enfin, presque personne... mais je raconterais cela un peu plus tard.

Je dois préciser que de l'autre coté du miroir, moi et mon clan dévoilons notre âme. Et Elle n'est pas humaine. Dans l'Empire, nous pouvons être dragons et pour les plus faibles, il reste tant d'incarnations fantastiques.
Il est dit qu'à notre mort, nous pouvons nous réincarner dans notre propre clan ou dans n’importe laquelle de ces créatures dans le monde éveillé

C'est sans doute pour cela qu'elles sont amicales envers nous. Quelques soient leurs races...

Enfin reprenons..
Pourquoi a-t-on si peur de nous?
Parce que tout être vivant rêve. Qu'il soit humain, divin ou animal... tout être doit dormir si il ne veut pas devenir fou.

J'ai entendu dire qu'une drogue se répand. Elle priverait l'homme de sommeil.

Cela sera distrayant de voir ce qui tuera le plus vite.... Être prisonnier de l'Empire des Songes ou d'en être privé....

Pour l'heure, j'ai bien d'autres soucis. Mes prisonniers les plus précieux ont trouvé la sortie de l'Empire pour le monde éveillé. Il semble que la course anarchique d'une comète ait ouvert les portes de l'empire...
Ces évadés ne sont pas des humains, mais des dieux. Et pas n'importe lesquels...
Le souverain des Ténèbres et sa suite céleste...

La bonne nouvelle dans ce chaos est que l'armée de ce souverain dangereux est restée prisonnière ailleurs.

C'est la première évasion. Et comme tout évadé, ils vont devoir trouver une cachette. Et quoi de mieux qu'une enveloppe humaine...
Ils vont s'emparer du corps d'un mourant ou d'un condamné. Je crains qu'ils aient assez de pouvoirs pour certains pour choisir leurs corps-hôtes...
Et qu'importe les drogues, un humain qui ne rêve pas est un mort qui s'ignore. Ils deviendront les proies les plus faciles.

Moi l'Empereur-Dieu de Yi ti, je suis le dernier de la lignée d'Azur. Je n'ai pas d'enfants. Ce qui pour un homme de pouvoir est pire qu'une faute.... un crime.

Je n'ai que des frères... autant dire que je ne manque pas d'ennemis.

Mon pouvoir est absolu de la salle du trône aux murailles extérieurs faites d'or de la cité céleste.

Aude-la, cela devient plus compliqué...

L'immense domaine de mon clan encercle la cité. Il fournit le ravitaillement nécessaire à presque un million d'habitants. Je peux encore contrôler directement le grand nombre de petits seigneurs qui gère le domaine.

Mais au-delà du domaine de mes ancêtres devenu domaine impérial, mon autorité est devenue purement théorique. Je n'ai plus pour ressource que la ruse pour tenir les fauves qui m'encerclent.

Il y a dix ans, j'ai trouvé une solution très peu noble mais relativement efficace jusqu'à ce jour.

Lors des fêtes commémoratives rappelant la conquête de Leng, les Maisons régentant l'Empire sont venues avec leurs représentants les plus prestigieux. Presque aucune n'aurait manqué un tel honneur. Car le prestige de la cité céleste continue à briller sur les peuples les plus lointains et les plus rustres.

Je me moquais bien d'une fête rappelant une gloire passée et poussiéreuse. Ce fait d'armes glorieux désormais absurde de nos jours, n'était presque d'aucune aide dans le présent. Il m'a simplement permis de flatter la vanité de ces grandes Maisons orgueilleuses. Elles se sont présentées avec leurs chefs et leurs enfants, laissant leurs armées aux portes de la cité.

Il aurait été impardonnable de ma part de manquer cette occasion

J'ai donc gardé auprès de moi les enfants de ces familles. Chacune d'entre elle laissa trois de leurs enfants pour quitter l'enceinte sacrée de la capitale. Je n'ai pas eu besoin à mettre un couteau sous leurs gorges pour les amener à cet abandon.
Des aristocrates désarmés sont des tigres dont on aurait arraché griffes et dents.
Pour revenir sur leurs terres, ils ont du me remettre leurs enfants.

Les plus jeunes furent remis à des éducateurs pour en faire des vassaux soumis à leur seigneur. Les filles furent mariées à mes fidèles des qu'elles furent en age... quant aux plus rebelles, les casernes de la garde royale sont un lieu idéal pour briser une volonté.

Aujourd'hui, je suis un souverain qui dort très peu.

Je pense à mes frères qui complotent, à la Peste Grise qui vient d'apparaitre et que l'on prétend sans remède.

Je pense à mes ennemis extérieurs dont je ne connais pas le visage.
Il y a le seigneur du septentrion qui ne s'est pas présenté il y a dix ans. Il a eut l'intelligence de ne livrer ni ses enfants, ni son visage. Il s'est auto-proclamé Empereur Orange. Ce qui est une manière de me manifester un mépris certain...

Sa puissance militaire est sa force. Il tient les frontières du Nord. Il fait face aux peuples libres du Nord. Sa puissance est telle qu'aucun mur n'est nécessaire. Il n'est pas assez fou pour les nomades sur leurs propres terres. 

Cette puissance est aussi sa faiblesse. Il lui est impossible de descendre en arme vers le sud, à moins de dégarnir sa frontière.
Tant que les nomades resteront agressifs et refuseront de se rendre, je n'aurais rien à redouter cet amoureux de la guerre.

Mon autre ennemi invisible a construit sa tanière aux frontières du Pays de l'Ombre. Il se prétend l'héritier d'une dynastie perdue et s'est proclamé Empereur Jaune. On le prétend très Haut Mage et Prince-Sorcier.
Je ne connais ni sa force, ni l'ampleur de ses troupes, pas plus son nom que son visage.

Pourtant, je crains moins la magie qu'un poignard. Il a mal choisit son lieu de résidence, ni son adversaire.
Car je suis bien autre chose que le maître d'un empire en sursis, que je tente de sauver.
 Par ma mère, concubine au palais, j'ai hérité du don des rêves. J'appartiens à la Garde Écarlate. Et le jour ou je connaîtrais le visage et le nom de mes ennemis, ils regretteront d’être en vie pour rêver.

Dois-je rajouter mes soucis de membre de la Garde Écarlate.
Il semble que moi, mes frères et sœurs en songes, nous devenons prendre en chasse des dieux évadés de nos prisons oniriques.

Il semble que je ne vais pas m’ennuyer dans cette vie

Dans le Temps du Rêve, je suis le Dragon d'Azur. Et je dévore les âmes égarées parmi les cieux oniriques.

Notre Mère, Impératrice-Déesse des Très Hautes Mers vient de décéder. Cela veut dire quatre mois de deuil pour notre monde.  L'Ile de Leng ressemblera à une terre morte durant cette période.  Tous les fours seront éteints. Des puissants aux faibles, on ne pourra manger que des aliments crus. Rien ne pourra être forgé, mangé après avoir été cuit sous peine de mort.
Cette terre revivra lorsque je recevrais la couronne des Impératrices d'Outre-Mer et que je prendrais place sur le trône divin.

Je n'ai ni doute, ni angoisse.  
Je suis la seule fille encore en vie de la dernière souveraine. Je ne peux permettre à aucune prétendante d'une lignée secondaire laisser insinuer le doute sur ma légitimité.
La défaite n'est pas permise.... en aucune façon

Je prends la suite d'une longue lignée féminine de guerrières et de grandes voyageuses qui ont ouvert routes maritimes vers l'orient et les terres inconnues du sud. Mes ancêtres ont reconquis la grande ile sur l'Empire Doré pour en faire un bastion contre les ambitions des petits et grands souverains de la Mer de la Jade.

Et moi...
Qui suis-je dans cette lignée d’héroïnes?

Je suis la future souveraine d'un royaume rendu prospère par ma mère et la sienne avant elle. Mais je suis aussi la fille de mon père, grand seigneur de la Garde Écarlate. Je suis de ces deux mondes et bien incapable de choisir. Je ne peux retirer mon sang dans mes veines.

J'appartiens au Temps du Rêve, que je le veuille ou non.

Et je suis une future souveraine en ce monde éveillé. Dans l'autre monde, mon rang est bien inférieur. J'ai fait allégeance à un roi dont j'ignore le visage et que je ne croise dans les songes que sous la forme d'un dragon rouge sang.

Je trouverais amusant qu'il soit dans le monde éveillé un simple roturier. Je pense même avoir raison. Il ne devrait être  ni trop puissant, ni trop faible...
Sans doute est-il un homme ordinaire, mais pouvant se rendre partout sans que cela paraisse anormal.
J'en suis venu à penser qu'il était très certainement marchand.  

Mais j'ai bien trop de souci pour mener une enquête sur ce roi des songes. Je me dois de rester en vie pour mon royaume ici-bas.

Je le dois aussi pour aider à trouver des prisonniers enfuis des geôles oniriques d'Asshai.
Si la rumeur est dit vraie, ces évadés pourraient rendre nos soucis actuels bien dérisoires...

J'ai du mal à croire que nous allons devoir chasser des dieux cachés parmi les hommes car peu des membres de la Garde Écarlate se connaissent eux-même en état de veille.